Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/310

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Démocrates socialistes, je ne m’adresse point à vous ici. Vos cœurs sont assez navrés ; votre indignation est assez profonde ; vous auriez besoin d’espérance et de consolations plus que d’excitation à la colère. Je m’adresse aux modérés de tous les partis, non pas à ceux qui se parent de ce titre menteur pour se livrer aux fureurs de la réaction. Non, j’invoque les vrais modérés, car il y en a parmi nos adversaires comme parmi nos coreligionnaires. J’invoque tous les hommes de mœurs douces, tous ceux qui ont de la conscience et des entrailles. Il y en a encore beaucoup en France, malgré nos discordes civiles ; je crois que c’est le grand nombre, et qu’en dehors du monde officiel où s’agitent les passions politiques, l’esprit français est à la douceur, à la prudence, à l’équité, à la modération, en un mot. C’est notre défaut, car nous subissons trop souvent l’injustice, mais c’est aussi notre vertu, la vertu des masses ; car, lorsque les masses sont maîtresses du terrain, elles pardonnent tout et ne vengent rien, Elles l’ont toujours prouvé. Les minorités seules sont violentes.

Je ne crois pas me tromper, malgré tout ce que les partis, soit à tort, soit à raison, se reprochent les uns aux autres, Jamais la France ne sera un pays de cruauté. Si nous avons nos fatales journées, nos luttes terribles, nous n’en sommes pas moins, pour la plupart, cléments par lassitude ou par générosité le lendemain. Je le répète, les minorités qui oppriment sont seules vindicatives, Mais consultez la grande âme de la nation, vous la trouverez toujours