Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/42

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jour ne pénètrent jamais. On peut les nommer des abattoirs humains.

» C’est là que l’on trouve un grand changement avec ces boutiques si belles ! Pourvu qu’on enrichisse le maître, ça leur est égal qu’on attrape des fraîcheurs, des fluxions de poitrine, des douleurs, que l’on respire là vapeur des braises, la puanteur du bois lorsqu’il "sort du four, la fiente des lieux qui transpire à travers les murs ! Le pauvre ouvrier a l’hospice pour lui ! Au bout de trois ou quatre jours, on dit : « Un tel est mort ! » Les hôpitaux sont remplis de boulangers. Ils ont même l’audace de dire que nous sommes des hommes sacrifiés ; voyez comme ils sont durs ! Dans les trois quarts des travaux, il faut voir la malpropreté qui règne t Ici, ce sont les lieux qui sont à côté du puits où Ton jette toutes les eaux sales, qui filtrent à travers le puits, et qui forment un limon. Lorsqu’il est trop épais, il tombe dans le puits, ce qui fait croupir l’eau. Ensuite l’on met cette eau dans une chaudière qui est garnie de vert-de-gris. Cette chaudière devrait être nettoyée au moins tous les huit jours et elle ne l’est pas tous les six mois. C’est pour cela que l’on emploie de l’eau qui est corrompue. Car la poussière, les cricris et autres genres d’insectes y tombent et y pourrissent ; c’est dans ces indignes lieux que, dans vingt-quatre heures, nous avons cinq ou six heures de repos, sur un grabat qui est par terre dans un coin de la cave, et que l’on appelle matelas (que l’on carde tous les dix ans) ! Voilà la vie privée des pauvres ouvriers boulangers. Cependant il y a des inspecteurs