Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/55

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peuple est heureux, et dans le journal du gouvernement qu’il n’y a pas à s’embarrasser des pauvres, vu qu’il y a des gendarmes et de la troupe, et des canons, et des grandes bâtisses tout autour de la ville de Paris pour nous empêcher de remuer.

C’est à ça que je voulais eu venir ; c’est à toutes ces belles dépenses dont chacun de nous paye sa petite part, sur le grain de sel qu’il met dans son pot, sur l’air qu’il respire par sa petite lucarne, sur la patente de son pauvre petit métier, sur les quatre ou cinq mauvais meubles qu’il n’a pas toujours pu payer, enfin sur tout ce qu’il y a de plus nécessaire à sa pauvre vie. Là-dessus, nous payons les gendarmes, pour qui ? pour garer des voleurs ceux qui ont quelque chose à voler, car nous autres, nous ne craignons rien ; les voleurs ne sont pas si sots que de venir chez nous. Nous payons les troupes. Sommes-nous en guerre avec les Anglais, les Prussiens ou les Russiens ? Faut-il tant de troupes sur pied pour le peu qu’on entend tirer de coups de canon depuis tantôt trente ans ? Mais il paraît que les gens riches qui tiennent boutique à Paris veulent qu’il y ait beaucoup de troupes pour garder leur fait. Nous payons les fonctionnaires du gouvernement. Oh ! là-dessus, j’en aurais beaucoup à dire pour vous montrer le bien qu’ils nous font. Ce sera pour une autre fois. Mais j’ai encore la corvée à vous prouver, et là-dessus je suis tout prêt.

À quoi servent les prestations en nature ? À qui servent les chemins ? Ce n’est pas à nous bonnes gens, qui ne les gâtons guère et qui n’avons pas besoin