Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/68

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petits, un enfant de moins placé chez les autres est la ruine d’une maison. J’en connais plus d’un vieux ménage qui, ne pouvant plus cultiver son petit bien, garde son grand gars à la maison pour que le bien ne se perde pas. Le gars quitte une condition de laboureur ou de domestique, où il gagnait cinquante écus, pour revenir cultiver un bien qui ne peut nourrir son père, sa mère et lui.

Si tous les malheureux voulaient croire la raison, au lieu d’acheter des grobilles de communal, ils feraient un grand, un seul communal avec tout le peu de chacun, et vous les verriez, s’ils le cultivaient bien en commun, et sans se jalouser et se méfier les uns des autres, arriver à être bientôt plus riches que tous leurs voisins. Mais ça n’est pas seulement la raison qu’il leur faudrait, ça serait l’amour du prochain avec, et se persuader, avant tout, que l’un ne doit pas chercher à manger l’autre. Et puis il faudrait que ça se fît partout d’un bon cœur, d’un bon accord et dans l’intention de plaire à Dieu… Si je parlais de ça dans notre bourg, on me dirait que je suis fou, et, si j’en parlais ailleurs, ça serait peut-être encore pis.

Qu’est-ce qui va arriver pourtant, si les gens d’esprit qui écrivent tant là-dessus ne nous trouvent pas un moyen d’en sortir ? Avec la loi sur les communaux, avec la loi sur la chasse, avec la loi sur la mendicité, je ne sais pas s’il nous restera de quoi acheter une corde pour nous pendre. On répond à nos plaintes que les bourgeois ont le droit et la force, que les propriétés seront respectées, et que c’est dans l’intérêt