Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/77

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saires ou des victimes qu’elle a fournis au système de M. Guizot, dit pourtant nos hommes politiques. J’avoue que je n’aime pas ce mot par lequel on peut désigner M. de Lamartine et M. Thiers, M. Ledru-Rollin et M. Hébert. J’aurais voulu que, dans un temps où l’art de gouverner est basé sur des doctrines repoussantes, ceux qui ne gouvernent pas eussent pu inventer pour leur action un plus doux nom et qui donnât de meilleures garanties pour l’avenir.

Quant au mot socialisme, il est de fabrique nouvelle, et nous ne le trouvons pas dans nos dictionnaires classiques. Quel est son véritable sens ? Est-ce l’art de fonder les sociétés, ou la science des doctrines sur lesquelles les sociétés s’établissent ? Dans le premier cas, c’est la même chose que la politique ; dans le second, le mot socialisme peut impliquer l’idée d’admiration ou de mépris, tout aussi bien que celui de politique. Je ne vois donc pas qu’en vertu de l’une ou de l’autre qualification, les hommes puissent s’attribuer une valeur quelconque. On peut inventer, au nom du socialisme, de funestes institutions ; on peut, au nom de la politique, rendre pires celles qui existent.

Quiconque prendra plaisir à s’entendre appeler politique ou socialiste sera donc, à mon sens, fort ridicule. Ce ridicule est malheureusement assez répandu par le temps qui court. Tout homme qui s’agite dans les élections de son clocher pour ou contre le gouvernement s’imagine faire de la haute politique.