Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/90

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de la vérité éternelle et divine. « L’homme, disait-elle, est un méchant et sot animal. Enchaînons-le de peur qu’il ne morde. Écrasons ses infâmes préjugés et tâchons de l’amener à la tolérance, c’est-à-dire, en résultat, à une telle indifférence religieuse, que l’absence de tout principe le mette hors d’état de nuire par le fanatisme. Il n’y a pas de milieu pour lui. » La pensée de Voltaire s’était quelquefois élevée plus haut ; mais son école n’avait gardé de sa critique que ce fruit sans saveur et cette conclusion sans idéal et sans amour. Ceux-là furent exclusivement politiques dans la conception des droits et des devoirs, comme les adeptes de Rousseau le furent aussi par méfiance et par crainte de la nature humaine corrompue.

Il n’est pas besoin de dire ce que les orthodoxes catholiques pensaient de l’homme, de son origine, de sa chute, de son passage expiatoire sur la terre, de la résignation au malheur ici-bas, de la vertu par laquelle il peut se racheter ; enfin des droits de saint Pierre et de César sur la vie éternelle et temporelle. Les meilleurs parmi ces croyants voyaient partout la nécessité d’un frein pour l’homme, le droit conféré au prêtre et au monarque soumis au prêtre de commander aux âmes et aux corps, le devoir du fidèle et du sujet consistant à se soumettre, à se priver et à s’abstenir.

Ces diverses opinions transigèrent pour formuler l’étrange paradoxe d’un droit de nature proclamé, mais aussitôt restreint par renonciation d’un devoir social opposé directement au droit naturel. Ceux qui résu-