Page:Sand - Rose et Blanche ou la comédienne et la religieuse, Tome V, 1831.djvu/216

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l’âme presque éteinte : Blanche ne souffrait plus, elle rêvait, la pauvre enfant, aux sons de l’orchestre qui venaient expirer près d’elle, au mouvement de la valse qui tournoyait dans le salon du bal ; elle rêvait de son enfance, toute d’oubli et de mystère. Elle aimait à se voir sur la chaloupe de son père, pauvre idiote, belle et insouciante, sans un rayon du ciel pour l’animer, sans une pensée pour en gémir, sans une larme pour en pleurer ; elle se voyait longeant la côte de Lormont, baignant ses pieds blancs dans le port, bercée par les flots de la mer ; un sourire mélancolique venait effleurer ses lèvres sèches et embrâsées ; ses