Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/208

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nous pouvons recevoir un ordre qui n’a son critérium que dans le sanctuaire même de notre âme. Au nom de la loi humaine, qui est notre propre ouvrage, nul ne peut dire à son semblable, qui est désormais son égal : « Je commande à ta conscience, et je te veux forcer d’être bon. »

Ce raisonnement, les conservateurs l’ont fait, je le répète ; mais toute vérité devient un sophisme dans les esprits prévenus. Ils ont conclure cette distinction, irréfutable en elle-même, que l’État ne pouvait pas prescrire la charité, c’est-à-dire l’exercice de la fraternité sous forme d’impôt. Non certes, l’État n’en aura jamais le droit, si ce droit n’existe pas dans l’humanité à l’état de droit du pauvre. Mais ce droit existe, et il n’est pas question ici de charité. La charité individuelle pourra toujours s’exercer sans que la loi s’en mêle ; la loi ne pourra jamais ni l’augmenter ni la restreindre. Mais la charité n’a rien à faire dans la consécration d’un droit, et le riche ne peut pas dire au pauvre : « Tu n’as pas le droit de vivre. C’est ma charité seule qui te le permettra. »

Honte à l’humanité et malheur à la richesse si c’est là sa formule !

Mais non, ce ne l’est point. Les hommes ne sont pas si méchants qu’ils sont aveugles. Pardonnez-leur, mon Dieu, ils ne savent ce qu’ils disent !

L’auteur du livre auquel ces réflexions servent de préface s’est chargé de démontrer le droit de celui qui ne possède pas, corrélatif au droit de celui qui possède. Nous examinons ici le communisme à l’état de