Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/220

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juger le talent de celui qui fut notre guide et notre premier appui. Cependant, nous croyons fermement que notre sympathie ne nous a pas trompé, et que nous ne serons pas le seul à admirer tant de grâce exquise, tant de recherche et de goût, tant de poésie descriptive finement et poétiquement sentie. Sou> ce dernier rapport, nous croyons avoir pleinement le droit d’estimer le pinceau qui a tracé, avec tant de charme et de vérité, les paysages aimés de notre enfance. Le vallon où nous avons gardé les chèvres touche à la colline où le poète des Adieux a rêvé le long de l’écluse, et dans

   Nos indigents sillons de seigle et de blé noir,
   ……… Ces brandes sans rivages,
   Océans de verdure et de parfums sauvages.
   Là, quand la perdrix rouge, à ses douces clameurs,
   Aura su rallier tous ses enfants dormeurs,
   Sur vos fronts, dans la nue, encore au-dessus d’elle,
   Il passera, le soir, un frémissement d’aile :
   Ce sont les bataillons des oiseaux pèlerins,
   Voyageurs, comme nous, dans des airs plus sereins.
   Quand les ombres déjà pèsent sur la chaumière,
   Eux, du soleil encore poursuivent la lumière.
   Enfant, je les croyais l’essaim d’anges heureux
   Qui de la terre au ciel allaient porter les vœux.

Ces vers nous charment, et nous ne ferons pas une promenade au pays, le long des traînes de l’Indre, ou au fond des gorges de la Creuse, sans y relire avec amour tous les vers suaves et vrais que M. de Latouche a consacrés à nos douces contrées de la Marche et du Berry. Quant aux nobles sentiments de patriotisme et