Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/224

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s’est pas assez dit que la toute-puissance, soit de création, soit d’investigation, impose des devoirs à celui qui l’a reçue d’en haut, et qu’il n’est pas permis d’être savant pour soi seul. Les connaissances qu’il avait acquises, les observations ingénieuses qu’il avait rencontrées, il en devait compte sans doute ; il s’est tu, craignant les peines infinies qu’il faut prendre pour sortir de l’obscurité, et qui ne sont pas moindres, avouons-le, pour l’homme de dévouement que pour l’ambitieux.

Malgré tous nos reproches, j’ignore s’il secouera quelque jour la poussière de ses vieux cahiers, et s’il consentira à mettre en œuvre les richesses insoucieusement amassées dans tout le cours de sa vie ; pour aujourd’hui, nous l’avons décidé seulement à publier la plus modeste de ses productions ; mais, dans ce cadre naïf d’un livre élémentaire pour l’enfance, il nous a semblé que tant de grâce était jointe à tant de clarté, tant de savoir à tant d’humeur poétique, que ce livre devait se recommander de lui-même dès les premières pages à l’attention des lecteurs.

Ce ne sont peut-être pas les enfants seulement qui l’étudieront avec fruit ; ce sont les esprits littéraires et les gens de goût même les moins versés dans la botanique qui le parcourront avec plaisir. Il m’a semblé, quant à moi, toute prévention d’amitié à part, que ce petit ouvrage me promenait tantôt dans de beaux jardins, tantôt dans le désert des forêts, et que je faisais ce voyage imaginaire sous la conduite d’un causeur savant et amusant (ce qui ne se rencontre pas