Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/95

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quelle sera la fin de cette épouvantable étreinte des partis d’abord, des intérêts ensuite.

Nous entrons, aujourd’hui 4 mai, en pleine révolution. Cette parole est dans toutes les bouches, à l’heure qu’il est, sous le ciel delà France, et les législateurs, enfermés dans l’enceinte de l’Assemblée, se tromperaient étrangement s’ils se croyaient destinés à la terminer dans cette première session. Quelle que soit son issue, cette révolution sera longue, puisse-t-elle être éternelle, si, comprenant dès le principe sa véritable mission, la représentation nationale nous lance dans le mouvement régulier d’un progrès désormais sans entraves. Mais que de sagesse, que de grandeur et de bon sens à la fois, que de prudence et de dévouement il vous faudra mettre en usage, hommes de la crise, pour empêcher une déviation funeste, ou vers l’anarchie, ou vers la réaction !

Que le ciel vous aide ou vous inspire ! Posez des principes, il en faut, et le peuple demande la formule des instincts sacrés qu’il porte dans son cœur. C’est pour cela qu’il vous faudra mettre à toute heure votre main sur ce cœur brûlant mais encore troublé, qui ne se connaît pas toujours lui-même, et qui ne vivra de sa pleine vie que par la fraternité. Mais, si, à quelques-uns d’entre vous, les principes personnels paraissent ne devoir pas céder devant l’instinct des minorités, prenez garde, au nom du ciel ! les minorités froissées sont implacables ; et, qu’elles aient tort ou raison aujourd’hui, qu’elles soient demain pour ou contre le principe de la suprématie d’un seul, essayez