Page:Sand - Souvenirs et Idées.djvu/102

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On commence à tuer, le premier sang est versé. La nuit s’écoule pourtant dans un morne silence. De temps en temps je crois entendre un feu de peloton ; mais bientôt je reconnais que c’est le bruit des grosses charrettes sur le pavé. Puis il se fait des repos d’un quart d’heure, les horloges sonnent et les coqs chantent. Étranges nuits que celles qui suivent ou précèdent les orages politiques !

Le mécontentement et l’effroi ont remplacé aujourd’hui le doute et la stupeur. Le jour approche. Que va-t-il éclairer ?

Ô vieux Jacques, ne bouge pas ! ton heure n’est pas venue.

Jeudi 4.

Maurice m’a écrit ce matin, ni Lambert[1] ni moi ne pouvons partir. Cette phrase incomplète dans une lettre courte et qui voulant passer à tout prix afin de me rassurer, s’abstenait de tout détail, m’a jetée dans une grande inquiétude.

  1. Eugène Lambert, le peintre des chats, condisciple de Maurice Sand à l’atelier Delacroix.