Page:Sand - Souvenirs et Idées.djvu/157

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avant de caresser des illusions trop douces, essayons de mettre nos âmes en rapport par des pensées de même nature. D’abord regardez et sachez où vous êtes, afin que dans votre appréciation de ce monde-ci, je trouve en mes propres souvenirs un lien avec vous qui réveille chez moi les images du passé.

Je regardai les objets extérieurs. Le voile s’était allégé, mais il interceptait toujours ma vue comme une brume légère et il n’y avait de net pour moi que la figure radieuse de cette belle fille.

— Je vois, lui dis-je, que nous sommes dans un beau pays de montagnes, sur leurs vastes croupes doucement inclinées ; que tout est abri grandiose autour de ces horizons dentelés, et que là, autour de nous, tout est prairie splendide, sentiers charmants, groupes d’arbres magnifiques. Là-bas, au lieu où cette prairie, vaste comme une contrée, monte en gracieux mouvements vers l’horizon plus largement ouvert, je vois aussi monter le beau soleil du matin, plus large, plus rose, plus chaud que je ne l’ai jamais vu ni senti. Mais les feuillages et les oiseaux, les herbes et les