Page:Sand - Souvenirs et Idées.djvu/197

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parts ; et je dois reconnaître que j’ai rarement vu de si beaux hommes. Ils sont graves et modestes, tels que je n’aurais jamais cru que la province pût en fournir en si grand nombre. Pour eux, ni chants ni cris. Ah ! combien je voudrais que cent cinquante mille de ce genre eussent pu pendant trois mois apprendre à manœuvrer et se servir de leurs armes !

Demain, me dit-on, le gaz sera éteint, faute de charbon. L’aspect de Paris, dans ces conditions nouvelles, avec la canonnade à jet continu, et l’impossibilité de quitter la ville, manquera de charme absolument. Mais qu’importe ! c’est le pays qui joue jusqu’à son existence, et loin de moi l’idée de m’en aller. Je puis avoir des services à rendre, et je ne veux pas faillir à la tâche que je me suis imposée.

Je fais des vœux pour que vous restiez bien tranquille dans votre province, et que Nohant échappe aux réquisitions des hulans.

Je vous embrasse de tout cœur.

HENRY HARRISSE.

Mes meilleurs compliments à Maurice et à sa femme ; un baiser aux petites.


14 septembre 1870.

Je ne crois pas à votre nouvelle, cher ami. La Prusse ne peut pas vouloir nous prendre tout, même l’honneur. Ce serait de la haine et la vraie France ne mérite pas cela.

Nous ne sommes pas en sûreté comme vous