Page:Sand - Souvenirs et Idées.djvu/216

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À M. Henry Harrisse, à Paris.
Nohant, 2 février 1871.

Je vous ai écrit, cher ami, par la voie que vous m’aviez indiquée. Mais, si ma lettre met autant de temps que la première, vous recevrez celle-ci auparavant. Nous sommes sous le coup de la reddition de Paris, nouvelle concise que nous avons reçue il y a deux jours et depuis laquelle aucun détail ne nous a été communiqué. Nous ne pensions pas que le dénouement fût si proche ; mais nous sommes bien sûrs qu’il ne pourrait être retardé, car tout ce qui est sage et humain a confiance en Jules Favre. Une autre fraction de l’opinion l’accuse, et croit que nous étions en état de continuer la guerre à outrance. Cela je n’en sais rien. Je vous l’ai déjà écrit, parce qu’il y a autant de raisons pour le croire que pour le nier dans les choses que nous savons, et parce que, dans le pays isolé où nous sommes, nous ne savons guère que les faits accomplis et jugés. Mais, à vous. Américain, je peux bien parler