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ne l’eussions pas obtenue sans les élections modérées que Paris a su faire.

À vous de cœur, cher ami — nous tous.

G. SAND.


Paris, 3 avril 1871.

Ainsi, chère amie, nous voilà encore assiégés, et au moment où j’écris cette lettre, le canon tonne, on s’écharpe, on se mutile, on se tue avec bien autrement d’entrain et de discipline que lorsqu’il s’agissait de combattre les Prussiens !

C’est vous, ma pauvre amie, qui verseriez toutes les larmes de votre corps si vous étiez en ce moment à Paris ! Imaginez-vous qu’en réalité ils sont tout au plus dix mille. Les un million neuf cent cinquante mille autres patriotes courbent la tête, ou, laissant la clef sur la porte, se sauvent en province, en Belgique, en Angleterre, avec un faux nez, se lamentant sur la route, accusant tout le monde, excepté eux-mêmes qui sont les plus coupables, car ils sont les plus couards ; et une fois en sûreté, discutent, déblatèrent, font du patriotisme, s’impatientent, se plaignent que de Versailles ou du quartier général des Prussiens on ne se hâte pas de venir « nettoyer le Comité ».

Enfin, cela les regarde ! C’est égal, je suis vexé quand je vois que l’homme le plus important de ce gouvernement réformateur, celui qui est César et Cromwell et Mazaniollo et Danton et Robespierre, tout ce que vous voudrez, c’est Billioray. Vous savez bien, Billioray ? Comment, vous ne vous rappelez pas ? Mais si ! Ce