Page:Sand - Souvenirs et Idées.djvu/40

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dans cette autorité conquise par l’adresse, la ténacité et la ruse, il n’y pas à craindre que la loi se trouve en avant sur les mœurs. Au contraire, selon moi, elle est en arrière.

La femme s’est corrompue dans cette usurpation de l’autorité qu’on lui déniait et qu’elle n’a pas ressaisi légitimement. L’esclave homme peut se révolter contre son maître et reprendre franchement et ouvertement sa liberté et sa dignité. L’esclave femme ne peut que tromper son maître et reprendre sournoisement et traîtreusement, une liberté et une dignité fausses et détournées de leur véritable but.

En effet, quelle est la liberté dont la femme peut s’emparer par fraude ? celle de l’adultère. Quelle est la dignité dont elle peut se targuer à l’insu de son mari ? la fausse dignité d’un ascendant ridicule pour elle comme pour lui. Il faut que cet abus cesse et que le bon mari ne soit plus le type du niais que l’on dupe et dont ses amis se moquent avec sa femme. Il faut aussi que la femme douce, loyale et pieuse, ne soit pas la dupe de son dévouement et qu’elle ne soit pas exploitée et tyrannisée. Il faut enfin que la femme coupable un jour