Page:Sand - Souvenirs et Idées.djvu/89

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accepte l’espérance qu’on lui offre, de l’air d’un homme qui ne veut pas l’ôter aux autres. Il sourit à sa fille, belle et parée auprès de lui.

Ce tableau m’a beaucoup frappée. Il y a de la grandeur dans cet homme réservé et froid, du temps qu’il se portait bien. La mort qui s’étend sur lui, met à découvert ce qu’il y avait de beau et de bon dans cette âme calme, sincère et droite. Voilà un bon Anglais. Pars doucement, honnête homme, je me souviendrai toujours de toi. L’accolade du moribond est une chose sainte qui doit fortifier les vivants et leur apprendre à bien mourir à leur tour. Adieu, bon voyage, et à revoir, car on se retrouve n’importe où, n’importe quand, et j’ai dans l’idée qu’on sera à jamais lié d’amitié ou de sympathie avec ceux dont on a serré la main à l’heure suprême.

Plusieurs m’attendent qui me recevront avec affection, j’en suis certaine. La vie est un jour long ou rapide selon qu’on le remplit ou qu’on le laisse couler. À demain donc vous autres, qui êtes partis la main dans la mienne.

Je ne sais plus ce que j’ai fait, ce que j’ai