Page:Sand - Tamaris.djvu/101

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n’appartenait à aucune profession déterminée : c’était une femme du peuple ; mais paysanne, ouvrière des villes ou des côtes, rien ne le précisait. L’extrême propreté de son vêtement grossier était faite pour attirer l’attention sur elle, car en aucune province française on ne voit les femmes de cette classe plus exemptes de ce souci que dans la Provence maritime.

Mais ni sa beauté ni sa propreté exceptionnelle ne triomphaient de la méfiance que sa physionomie nous inspira. Elle avait la pupille très-noire, petite pour le globe de l’œil, et, quand elle relevait la paupière supérieure pour regarder fixement, cette pupille, entourée de trop de blanc, avait quelque chose d’irrité ou de hagard. Les sourcils, bien dessinés, se joignaient presque au-dessus du nez, ce qui est réputé un signe de violence, de ruse ou de jalousie. Il n’en est rien, j’ai vu des personnes très-douces et très-franches présenter cette particularité ; mais ici la sécheresse dédaigneuse du sourire la rendait caractéristique de quelque habitude de mauvais vouloir.

La marquise saluait toutes les personnes qu’elle rencontrait, sachant que, dans cette région, le pauvre veut être salué le premier. Il ne provoque aucune politesse ; mais, quand on ne la lui accorde pas, il en est blessé : il vous la rend brusquement et d’un air de mauvaise humeur. Au contraire, adressez-lui la parole, il est tout de suite votre ami.