Page:Sand - Tamaris.djvu/122

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factionnaires, et il leur est interdit d’y avoir aucune espèce de meuble, de couverture, de bien-être quelconque propre à favoriser le sommeil. Un banc de pierre ou de briques leur permet cependant de s’y étendre ; mais, comme il n’y a ni porte ni fenêtre, le froid des nuits mauvaises et le bruit assourdissant des tempêtes se chargent probablement de tenir le factionnaire éveillé. Ces huttes doivent, en outre, être placées de manière à dominer tout ce qui ferait obstacle à la vue dans le rayon de la surveillance assignée au factionnaire. On les trouve donc souvent perchées dans les sites les plus effrayants, et le sentier battu qui entourait celle-ci n’avait pas, au bord du précipice vertical, plus de quinze centimètres de large. Il n’y eût pas fait bon d’être somnambule ; mais on sait que là où passe la chèvre le douanier peut passer.

Comme je regardais le beau spectacle de la mer écumante contre les âpres racines de la falaise, le garde-côte, qu’on croit parfois absent, mais qui est toujours là, guettant toutes choses, sortit je ne sais d’où, et m’aborda d’un air grave et bienveillant. C’était un homme d’une quarantaine d’années, d’une belle et douce figure.

— Êtes-vous le médecin ? me dit-il.

Et, sur ma réponse affirmative :

— Alors vous venez du poste ? Vous avez vu ma femme ?