Page:Sand - Tamaris.djvu/126

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Après avoir arraché par lambeaux tous les renseignements que je rapporte ici en bloc, car maître Estagel semblait compter ses paroles, et ses yeux attentifs ne quittaient pas l’horizon, je pris congé de lui en lui serrant la main et en refusant, bien entendu, d’être indemnisé de ma visite à sa femme. Il me montra un sentier pour rejoindre la route de mulets qui monte jusqu’au sommet du cap Sicier, celui de la falaise étant trop dangereux.

— D’ailleurs, vous ne pourriez pas le suivre sans vous égarer, me cria-t-il. Il n’y a que nous qui sachions au juste où il faut poser un pied et puis l’autre.

Et, comme je me rapprochais de lui pour allumer un cigare, je lui demandai si réellement un douanier était un chamois qu’aucun autre homme ne pouvait suivre dans les précipices.

— Ma foi, répondit-il, je n’ai vu, en fait de messieurs, qu’un seul jeune homme, un petit officier de marine, capable de me suivre partout. Il venait là pour son plaisir, et, une fois, nous avons fait assaut à qui descendrait le plus vite de la rampe de Notre-Dame-de-la-Garde jusqu’au rivage.

— Et qui a gagné ?

— Personne, nous sommes arrivés ensemble.

Je partais ; je ne sais quelle induction rapide de mon cerveau me fit revenir encore pour ramasser une plante que j’avais remarquée auprès de la hutte.