Page:Sand - Tamaris.djvu/156

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J’enverrai Nicolas au galop du petit âne d’Afrique… Au revoir, voisin ! cria-t-elle à Pasquali par la porte ouverte. Je monte… Une lettre pressée ! à tantôt !

Elle monta légèrement l’escalier rapide et difficile. Elle arriva sans être essoufflée. Je remarquai la force et l’équilibre de son organisation, qui m’avaient déjà frappé à la promenade. Ce n’était pas une femme du monde étiolée par l’oisiveté ou usée par l’activité sans but. Elle était toute jeune encore, solidement trempée comme une Armoricaine de forte race, et la délicatesse de ses linéaments cachait une vie arrivée à son développement sans solution de continuité.

N’était-elle pas faite pour l’expansion du bonheur, cette femme sans tache et sans remords ? Était-il possible que la Florade ne comprît pas qu’elle méritait une vie de dévouement sans partage et d’adoration sans défaillance ? Elle était si belle dans son activité et dans son rayonnement, que je faillis tomber à ses pieds et lui promettre de tuer celui qui la rendrait malheureuse.

Son premier mouvement fut d’embrasser son fils, et, tout en se mettant à son bureau, elle lui demandait s’il n’avait pas oublié le vieux baron et s’il allait être content de le revoir. Elle écrivit avec effusion, me priant de lire à mesure par-dessus son épaule pour voir si, dans sa précipitation, elle n’oubliait pas quelques mots. Puis elle se leva et me tendit la plume.