Page:Sand - Tamaris.djvu/165

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disiez très-sérieusement votre dernier mot. Vous me jurez qu’épris d’elle, peu ou beaucoup, la pitié, l’admiration pour sa beauté, l’estime qu’après tout la naïveté de son cœur et de son esprit mérite, ne le décideront jamais à en faire sa compagne ? Vous êtes bien sûr que mes représentations, ma conviction, mon éloquence de femme, si vous voulez, ne pourraient absolument rien sur lui ?

— Vous m’en demandez trop, répondis-je. Personne ne peut engager ainsi sa responsabilité pour un absent. Vous voulez voir la Florade, vous le verrez… Quel jour voulez-vous que je vous l’amène ?

La marquise sembla deviner mon désespoir. Elle me regarda attentivement, avec une sorte de surprise. Je soutins bravement son regard, je dois le dire, car elle reprit aussitôt avec la même liberté d’esprit qu’auparavant :

— Amenez-le demain chez Pasquali. Je descendrai comme par hasard. Ne prévenez votre ami de rien ! Il s’armerait d’avance contre mes arguments. En le prenant au dépourvu, je verrai bien plus clairement si je dois espérer ou désespérer pour Nama. Et maintenant, ajouta-t-elle, parlons de vous, docteur ! Est-ce que les charmants projets du baron ne vont pas modifier les vôtres ? Est-ce que vous ne prolongerez pas de quelques semaines votre séjour ici ?