Page:Sand - Tamaris.djvu/166

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— J’y ferai mon possible, répondis-je, afin qu’elle ne combattît pas ma résolution de fuir au plus tôt.

Je ne me sentais plus assez de force pour recevoir des témoignages d’estime et de confiance qui me navraient.

— Dans huit jours, pensais-je, elle m’ouvrira peut-être son cœur, comme Nama lui a ouvert le sien, et, au fond de ce cœur troublé ou souffrant, je trouverai encore la Florade.

Je la quittai avec un peu de précipitation, prétextant un rendez-vous donné à Toulon, et je partis la mort dans l’âme. À mes yeux, la destinée suivait son implacable fantaisie de rapprocher ces deux êtres, si peu faits, selon moi, l’un pour l’autre, ils s’étaient vus, ils se parleraient le lendemain ; car, dans certaines situations, parler ensemble sur l’amour, c’est déjà se parler d’amour. Et moi, j’étais là, condamné à opérer ce rapprochement !

Je sentais que je n’aurais pas la force de m’y prêter. J’attendis Pasquali sur le chemin de la Seyne. C’était l’heure où il y retournait. Il venait d’échanger quelques mots avec la marquise en traversant la colline. Il savait son projet, et n’y trouvait rien à reprendre.

— Elle est bonne, dit-il, bien bonne femme, le diable m’emporte ! Il faudrait que le petit (il désignait encore ainsi quelquefois son filleul) fût trois