Page:Sand - Tamaris.djvu/184

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Il dut se contenter de ma réponse ; mais je vis que, durant tout le trajet, il m’examinait avec une sollicitude insolite. Il faut croire que ma figure était effectivement très-altérée. Je le conduisis jusqu’à la porte de la marquise, et, ne voulant point gêner leurs premiers épanchements, je courus à la maison Caire pour faire allumer les cheminées et préparer les lits ; mais madame d’Elmeval avait pensé à tout : elle était venue dix fois dans le jour malgré le mauvais temps. Les appartements étaient propres et bien chauffés. Ma chambre, dont je ne m’étais pas occupé le moins du monde, comptant ne passer là qu’un ou deux jours, était arrangée avec autant de soin que celle du baron. Une cuisinière et un domestique avaient été engagés. Le dîner était prêt, le baron n’avait plus qu’à mettre ses pantoufles pour être chez lui. De grands rameaux de bruyère blanche et de tamaris exotique embaumaient le salon. Je retournai à la villa Tamaris pour prendre le baron, qui avait faim, et qui, ne voulant pas se séparer sitôt de la marquise, l’avait décidée à venir dîner chez lui avec Paul.

Les trois bastides Tamaris, Caire et Pasquali se touchaient par leurs enclos, et, quand je dis enclos, c’est faute d’un mot pour désigner ces terrains qui ne sont ni parcs ni jardins, et qu’aucune clôture ne sépare. En cinq minutes, nous pouvions communiquer les uns avec les autres. Quelle heureuse vie, si