Page:Sand - Tamaris.djvu/186

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J’étais complétement détaché de toute espérance et me croyais débarrassé de tout vain désir ; mais je sentais bien que je l’aimais toujours autant, cette femme parfaite, et que lui épargner une souffrance, une inquiétude, une fatigue quelconque, serait toujours un besoin et une satisfaction pour mon âme.

Quand je l’eus ramenée chez elle et que j’eus confié le baron aux soins de Gaspard, son fidèle valet de chambre, je m’aperçus de la fièvre qui faisait claquer mes dents, et je tombai sur mon lit comme une pierre tombe de la falaise dans la mer. Je fus malade. J’avais pris une fluxion de poitrine au Coudon ou à Turris. Je ne pus recouvrer mes esprits qu’au bout de huit jours, et je me sentis alors trop faible pour sortir de mon lit ; mais je me vis admirablement soigné : le baron ne me quittait presque pas ; la marquise et Pasquali venaient tous les jours et restaient plusieurs heures. La Florade venait aussi souvent que le lui permettait son service. Un excellent médecin, le docteur A…, de Toulon, m’avait traité parfaitement. M. Aubanel, sa femme et sa belle-sœur, deux femmes charmantes et pleines de bonté, s’étaient aussi intéressés à moi. Les serviteurs étaient bons et dévoués. Le vieux Gaspard, qui m’aimait comme un fils pour avoir sauvé son maître, pleurait de joie en me voyant sauvé. Je n’aurais pas été mieux choyé dans ma propre famille.

Comme, après des insomnies agitées dont je ne