Page:Sand - Tamaris.djvu/194

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

passé au sujet de mademoiselle Roque. Je la vis très-calme et très-heureuse auprès de la marquise. J’appris qu’on allait démolir la Bastide Roque, racheter la part de terrain que j’avais vendue, et chercher sur cet emplacement un site agréable pour bâtir une nouvelle habitation. Le baron et la marquise se cotisaient à l’insu de Nama, et sans souffrir qu’elle vendît un seul de ses étranges et précieux joyaux, pour lui créer une retraite saine et riante dans sa propriété reconstituée.

— Je ne suis pas étonné de ce que vous faites-là, dis-je à madame d’Elmeval ; ce que j’admire, c’est la délicatesse que vous mettez à tromper cette pauvre ignorante sur ses véritables ressources, pour ne pas l’humilier.

— J’aime à croire, répondit-elle, que Nama ne serait pas humiliée d’être aimée. Elle est si près des idées de l’âge d’or, que je n’agis pas avec elle comme avec une autre ; mais elle pleurerait peut-être sa vieille bastide, et nous ne voulons pas la consulter. Nous n’avons pas pu lui persuader que M. Roque n’était pas son père, et même nous n’avons guère insisté là-dessus en voyant qu’elle faisait tout à fait fausse route et supposait la Florade fils de M. Roque. Comment cela s’arrange dans sa cervelle, nous l’ignorons et nous ne voulons pas trop le savoir, dans la crainte de l’éclairer… car au fond M. la Florade s’est moqué de nous, n’est-ce pas ?