Page:Sand - Tamaris.djvu/205

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grâce à son sexe et à sa fortune indépendante, s’il lui plaît de retourner au grand monde, il y portera de meilleures idées et de meilleurs sentiments que ceux que lui eût inspirés monsieur son père.

— Parce que vous supposez que le second mari de sa mère sera un homme de mérite, qui la secondera dignement dans cette éducation, qui l’aimera, lui, qui le rendra heureux, qui ne sera pas jaloux de la passion maternelle, qui ne lui préférera pas ses propres enfants… Ah ! que de devoirs sacrés pour un homme de bien ! Mais que les hommes de bien sont rares !

— C’est parce qu’ils sont rares que, si on en rencontre un, il faut ne pas hésiter à le choisir, fût-il le plus pauvre et le plus obscur des hommes. Voilà le conseil que je donnerai à la marquise le jour où elle me consultera.

Cet entretien avec le baron me fit du mal. J’y rêvai toute la nuit, et il me sembla voir en lui une secrète intention d’encourager un rêve de bonheur qu’il avait deviné en moi, ou qu’il cherchait à y faire naître. Et puis je m’épouvantai de ma présomption, et je recommençai à trembler que la Florade ne fût aimé.

Deux jours plus tard, comme, après une nouvelle froidure, le temps était redevenu superbe, Marescat vint nous chercher avec deux voitures pour nous mener tous à la promenade. La marquise connaissait