Page:Sand - Tamaris.djvu/213

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

reuse et dévouée qui ajoutait à son charme naturel. Fort, agile, bien portant et bien trempé, jeune jusqu’au bout des ongles, expérimenté, sinon avec l’amour vrai, du moins avec la femme, il savait deviner et prévenir les moindres fantaisies, caresser les faiblesses, adorer les caprices, ne s’alarmer d’aucune froideur, ne se blesser d’aucun refus, croire toujours en lui-même, espérer toujours de la faiblesse du sexe, et se laisser manier comme un cheval ardent et docile qui frémit de joie au moindre appel de la volonté.

Tout ce que je dis là était résumé dans l’attitude de la Florade auprès de la marquise, et je devais le dire pour expliquer la persistance de son espoir devant la sérénité polie et froidement obligeante de l’accueil qui lui fut fait. Il eût voulu être grondé plutôt que reçu ainsi. Il fit son possible pour alarmer la marquise sur la manière gaillarde dont il avait porté l’enfant à travers les petits dangers de la montagne ; il parla même de recommencer. Il eût donné l’univers pour un mot d’inquiétude ou de reproche qui lui eût permis de dire qu’avec Paul dans ses bras il pouvait marcher sur les eaux ou voler dans l’espace. Et il l’eût dit sans trop de danger de faire rire, car il l’eût dit avec cette ardeur de passion qui désarme ; mais il ne put pas le dire : la marquise, soit finesse supérieure à la sienne, soit indifférence réelle, le tint constamment à cette distance où il est