Page:Sand - Tamaris.djvu/219

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être, ces rayons fugitifs du sentiment intérieur, car la contraction nerveuse les traduisait parfois d’une manière infidèle ; mais, pour qui connaissait les trésors de dévouement et de bonté de cet homme rare, tout plaisait en lui, même sa laideur. Le baron n’était peut-être pas né avec de grandes facultés intellectuelles. Il avait plus d’aptitude que de mémoire, plus de déductions que d’inductions à son service. Il était en un mot de ces hommes qui, ne sentant pas en eux une spécialité pour les appeler et les aider, veulent étendre le cercle de leurs connaissances à tous les sujets. Il avait donc lutté contre son être intellectuel, comme il avait lutté contre son être physique, et, là aussi, il avait vaincu. Il était devenu ce qu’il voulait être, un homme très-instruit, pensant bien, jugeant tout avec un grand sens, et tirant de ses lumières le secret de son bonheur moral. Il était devenu philosophe pratique en étudiant l’histoire, éclectique dans la bonne acception du mot en examinant toutes les théories. L’enthousiasme, le feu sacré lui avaient toujours manqué ; mais que de raison, de tolérance et de sécurité bienfaisante dans ces âmes où le jugement acquis s’appuie sur la bonté naturelle ! Quel paternel refuge pour les âmes troublées ! Quel appui solide et sûr pour les convictions généreuses !

En présence de la Florade, cette autre exception, cette antithèse vivante qui épuisait la vie en croyant