Page:Sand - Tamaris.djvu/221

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quali, qui commençait à me tutoyer, viens donc m’aider à calmer cet animal-là ! Sais-tu qu’il est jaloux de toi comme un tigre ?

— Eh bien, oui, s’écria la Florade, moitié riant, moitié provoquant ; je suis jaloux de toi, docteur endiablé !

— Il me tutoyait, lui, pour la première fois.

— Nous sommes ici dans le sanctuaire de la sincérité, dans la maison où l’on dit tout haut ce qu’on pense, et devant l’homme qui ne comprend rien aux artifices du langage, aux fausses convenances du monde. Nous voici deux marins, et toi, le savant, l’expérimenté, l’homme à grandes relations, tu es tout seul. Ta réserve ne tiendra pas contre notre besoin de vérité : nous te sommons, lui et moi, de la dire. Es-tu amoureux de la marquise ?

Je répondis sèchement un non bien articulé, et j’attendis la suite de l’assaut.

— S’il dit non, c’est non, reprit Pasquali en voyant le sourire de doute de la Florade. Le docteur est un homme, et, s’il dit non sans qu’on le croie, tu mérites une giffle, et c’est moi qui vais te la donner.

La Florade se mit à rire comme un homme habitué à ces paternelles menaces, et, me prenant la main avec une force convulsive :

— Je te crois, dit-il ; mais donne-moi ta parole d’honneur.