Page:Sand - Tamaris.djvu/234

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

grandes glaucées des falaises et les nigelles de Damas, qui dans certains ravins atteignaient à des proportions extraordinaires. Elle se faisait de singulières coiffures avec ces riches corolles ; elle s’en mettait sur les tempes, dans les oreilles ; elle regrettait de ne pouvoir s’en mettre dans les narines. Elle était quelquefois à mourir de rire, et quelquefois aussi très-belle avec cette ornementation sauvage. Quand la marquise la coiffait avec goût d’une couronne de fleurs de grenadier mêlées à ses cheveux noirs crépus, elle avait une tête remarquable.

C’était un véritable enfant, d’une innocence primitive et d’une inaltérable douceur. Madame d’Elmeval me trouvait trop indifférent pour sa protégée.

— Que lui reprochez-vous donc ? me disait-elle. Elle n’est pas intelligente à l’œil nu, comme vous dites en étudiant vos plantes microscopiques, et je conviens qu’elle ne montre pas plus d’esprit qu’une statue de bronze à qui l’on aurait mis des yeux d’émail ; mais elle est loin d’être ce qu’elle paraît : elle apprend très-vite. La douceur et la volonté d’obéir remplacent chez elle l’habitude de l’attention et de la mémoire. Elle vit un peu comme les autres rêvent ; mais il y a en elle une telle ignorance du mal que l’on se prend à l’admirer au moment où l’on croirait devoir la gronder.

J’avouais ne pas tenir grand compte de cette ab-