Page:Sand - Tamaris.djvu/237

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sa manière, et j’étais là quand elle le lui présenta ; la marquise, l’ayant goûté, reposa la tasse avec dégoût en lui disant :

— Ma chère enfant, ce n’est pas du café broyé que vous me donnez là. Je ne sais ce que c’est, mais c’est fort désagréable.

Je vis mademoiselle Roque se troubler un peu, et, comme elle allait remporter la tasse sans rien dire, je m’en emparai et j’en examinai le contenu : c’était une véritable infusion de cendres qu’elle avait servie à la marquise. Un souvenir rapide m’éclaira.

— C’est de la cendre de plantes aromatiques, dis-je à mademoiselle Roque ; cela vient de la cime du Coudon, et c’est un vieux charbonnier qui la prépare.

Elle resta pétrifiée, et la marquise s’écria en riant que je disais des choses fantastiques. J’insistai. Mademoiselle Roque ne lui aurait-elle pas déjà servi en infusion ou fait respirer certaines plantes vulgaires, comme la santoline, le romarin ou la lavande stæchas ?

— Vous êtes donc sorcier ? dit la marquise. Elle ne m’a jamais rien fait boire d’extraordinaire avant ce prodigieux café ; mais elle a mis dans ma chambre toutes les herbes de la Saint-Jean, pour combattre, disait-elle, le mauvais air de la mer ; ce qui m’a paru fort plaisant.

— Et ces herbes sont divisées en trois paquets