Page:Sand - Tamaris.djvu/246

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Et, tournant la tête, je vis la Zinovèse, qui, n’ayant trouvé personne chez Pasquali, s’était assise sur les marches de la maisonnette.

— Comment, c’est vous ? lui dis-je. J’ai peine à vous reconnaître !

— Vous voyez, vous m’avez guérie ! Eh ! on n’est pas trop vilaine à présent, qu’est-ce que vous en dites ?

En effet, madame Estagel, encore un peu mince et pâle, avait recouvré sa beauté, qui était peu ordinaire. Beauté n’est pas le mot qui convient, si par là on entend une forme idéale animée d’une expression sympathique. La Zinovèse n’était jolie que par la délicate régularité de ses traits. Il n’y avait en elle ni charme, ni distinction réelle. Ses yeux, ramenés à leur expression normale, ne parlaient qu’aux sens. Ils offraient un mélange plus piquant qu’agréable de dédain et de provocation.

Elle était fort bien mise à la mode de je ne sais quel pays méridional, un costume de fantaisie peut-être, mais élégant, simple, sombre, et, comme d’habitude, d’une propreté recherchée. Une grosse chaîne d’or faisait huit ou dix fois le tour de son cou, et de longues boucles d’oreilles de corail de Gênes se détachaient sur sa chemisette d’un blanc de neige. Je ne me sentis pourtant pas porté à lui faire le compliment qu’elle réclamait. Je me contentai de la questionner sur sa santé et de lui demander si