Page:Sand - Tamaris.djvu/262

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gardai avec soin. Je vis la Florade enveloppé dans son caban, à cinq ou six pas de moi, dans les buissons. Il ne me vit pas, il s’en allait furtivement du côté de l’escalier qui conduisait chez Pasquali… Demeurait-il là toutes les nuits, et voyait-il la marquise au lever du jour ? — Je ne voulais rien savoir que d’elle-même. Je rentrai chez moi, maudissant l’imprudence de ces rendez-vous, qu’un jour ou l’autre la Zinovèse pouvait surprendre et faire payer si cher. — Mais, après tout, puisque la Florade avait appelé le danger, son devoir n’était-il pas de faire bonne garde, et le plus près possible, pour avertir ou porter secours ?

J’étais depuis peu d’instants dans ma chambre lorsque j’entendis ses pas et sa voix sous ma fenêtre. Il m’appelait avec précaution. Je descendis aussitôt et le trouvai fort agité.

— La Zinovèse a vu la marquise hier ! me dit-il.

Et, comme, en raison de la défense qui m’avait été faite de donner aucune explication, j’essayais de feindre l’ignorance :

— Je sais tout ! ajouta-t-il. J’ai vu la Zinovèse hier au soir. Tiens, voici la preuve !

Et il me montra à son petit doigt la bague que la marquise avait donnée ; la veille à madame Estagel.

— Ah ! la Florade, m’écriai-je, tu lui as pris cette bague ! tu lui avoues donc que tu aimes la marquise ? Et tu viens ici, la nuit, au risque d’être