Page:Sand - Tamaris.djvu/266

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— Ah çà ! reprit-il impatienté de mon silence, tu ne sais donc rien ?

— Je sais qu’elle est mortellement inquiète pour son fils, et je vois que tu ne veux rien faire pour la tranquilliser, puisque tu ne veux rien me dire des résolutions de madame Estagel.

— Est-ce que madame Estagel a des résolutions ! madame Estagel est un enfant terrible, et rien de plus. Vraiment, vous lui faites un rôle dramatique qui n’a pas le sens commun !

— Fort bien ; mais ne peut-on savoir ce qui s’est passé entre elle et toi ?

— Tu y tiens ? C’est bien facile à dire, et je ne crains pas que la marquise l’apprenne. J’ai rencontré madame Estagel la dernière fois que nous nous sommes vus, toi et moi,… il y a huit jours, huit jours entiers ! Tu te souviens de tes derniers mots, le respect, la soumission, la patience ; j’ai senti que tu avais raison, que tu me conseillais bien, que j’agissais follement, grossièrement, que je me montrais trop, que j’effrayais, et qu’il fallait savoir jouer le rôle d’un homme qui peut se contenir. Énorme hypocrisie ! N’importe ! en amour, Dieu pardonne tout. Je retournais à mon bord avec cette résolution, lorsque la Zinovèse m’est apparue plus belle et plus éprise que jamais. Je me suis dit qu’il fallait faire diversion à ma passion par une amitié de femme, et j’ai renoué celle-là. C’est une amitié, je te le jure