Page:Sand - Tamaris.djvu/27

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confus dans mes souvenirs, ne me rappelait plus rien du tout.

Je ne la décrirai pas. Il est des êtres que l’analyse craint de profaner… Je dirai seulement qu’elle pouvait avoir trente ans, mais seulement pour l’œil exercé d’un physiologiste ; car il ne tenait qu’à elle d’en avoir vingt-cinq, tant sa démarche avait d’élégance et ses traits de pureté. Elle avait pourtant beaucoup souffert, on le voyait ; mais ce n’avait jamais été par sa faute, on le voyait aussi. Il y a tant de différence entre la trace des malheurs non mérités et celle des passions irritées ou assouvies !

Cette femme était belle et d’une beauté adorable. Une perfection intérieure toute morale semblait se refléter dans ses paroles, dans sa voix, dans son sourire mélancolique, dans son regard bienveillant et sérieux, dans son attitude pliée plutôt que brisée, dans ses manières nobles et rassurantes, dans tout son être chaste, aimant, intelligent et sincère. Telle fut mon impression dès le premier coup d’œil, et je n’ai pas eu lieu de changer d’opinion.

Comme j’hésitais à examiner son fils, alléguant qu’elle devait avoir un médecin, elle insista.

— Nous avons un excellent docteur, un ami, me dit-elle ; mais il est à Toulon. Cette campagne-ci est loin et d’un accès peu facile quand la mer est mauvaise. Il ne peut donc pas venir tous les jours, et il y a près d’une semaine que je ne l’ai consulté.