Page:Sand - Tamaris.djvu/285

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dez-la-lui, sa lettre, et dites-lui ce qu’elle a fait, dites-lui qu’elle m’a rendue folle et que j’ai voulu… je ne sais plus quoi… Ah ! si, j’ai voulu tuer ma petite ! Et je l’ai tuée, car je ne la vois pas ici. Mon Dieu ! où est Louise ? Louise est morte, n’est-ce pas ? Ah ! vous pouvez tout me dire, puisque je suis morte aussi !

— Non, Louise n’a presque rien. Repentez-vous, et Dieu vous sauvera peut-être.

— Je ne veux pas vivre ! Non, je tuerais les deux enfants, et le mari, et tout, puisque je n’ai plus ma tête. Quand j’ai vu ça, je me suis punie. J’ai dit : « Tu ne peux pas te venger, puisque tu ne sais plus ce que tu fais ; eh bien, il faut en finir. » C’est un bien pour les enfants, allez, et pour l’homme aussi ! Dites à votre ami l’officier qu’il soit bien heureux, lui, et qu’il s’amuse bien ! Moi, j’ai fini de souffrir. Une violente convulsion jeta la malheureuse à la renverse sur son oreiller. De nouveaux soins la ranimèrent une seconde fois. Elle reconnut son mari, qui rentrait, et demanda à être seule avec lui. Ils restèrent quelques minutes ensemble, puis Estagel me rappela. Il semblait frappé d’idiotisme et sortit en disant que sa femme demandait le prêtre ; mais il s’en alla au hasard, comme un homme ivre.

À partir de ce moment, la Zinovèse n’eut plus que de faibles lueurs de mémoire. Je la voyais rapidement s’éteindre. Je fis rentrer les enfants, qu’elle demandait à embrasser ; mais elle ne les reconnut