Page:Sand - Tamaris.djvu/294

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poste pour m’enquérir d’Estagel. Je le trouvai assis près du lit mortuaire. La Zinovèse n’était plus qu’une forme vaguement dessinée sous un drap blanc semé de branches de cyprès. À la clarté des cierges qui brûlaient aux quatre coins de ce lit, je pus examiner attentivement la physionomie austère du brigadier. Rien ne trahissait en lui une pensée étrangère à la douleur morne et recueillie de sa situation.

J’avoue que je n’osai l’interroger. Une vieille femme qui veillait et priait au bout de la chambre vint à moi sur le seuil, et me dit à voix basse :

— Vous cherchez aussi l’officier, vous ? Bah ! il n’est pas venu chez nous. Il est sur son navire. Qu’est-ce que vous voulez qui lui soit arrivé ? Il n’y a pas de mauvaises bêtes par ici, et les voleurs n’y viennent pas ; il n’y a que de pauvres maisons, et si peu !

— Il pourrait avoir fait une chute le long des falaises.

— Lui, le plus beau marcheur qu’on ait jamais vu marcher, et qui connaît si bien tous les passages ? Oh ! que non, qu’il ne tombe pas, celui-là ! C’est bon pour les enfants, pour ce pauvre petit de trois ans qui, l’an dernier…

La vieille femme se mit à me raconter un accident très-pathétique sans doute, mais que je n’avais pas le loisir d’écouter. Je la quittai brusquement. Elle me rappela pour me dire :

— Prenez garde à vous tout de même, si vous ne