Page:Sand - Tamaris.djvu/311

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Nama, toujours pure, aimait toujours ce jeune homme avec fanatisme. Elle ne trouvait en lui rien à blâmer ni à reprendre. Elle le magnétisait pour ainsi dire et l’endormait par son inépuisable douceur. Il sentait, sans en avoir conscience, le souffle à la fois innocent et lascif de cette fille de la nature, éprise de lui sans le savoir.

Quand je le vis tranquille et assoupi, je courus chez le baron ; mais à peine eus-je dit quelques mots, que je ne me sentis plus le courage de l’interroger.

— Voyons, me dit-il, à qui en as-tu ? Que cherches-tu à savoir ?

— Il me semblait qu’avant tous ces orages vous deviez, de la part de madame d’Elmeval, me confier certains secrets… relatifs à elle et à la Florade. Voici la Florade non guéri encore, mais hors de danger. Il se croit éconduit ; je dois, en qualité de médecin, vous demander si cela est sérieux et définitif, et si, en cas contraire. Je ne dois pas le consoler de ce chagrin pour hâter sa guérison.

— Ah çà ! répondit le baron en me regardant fixement avec ses yeux ronds si vifs et si doux en certains moments, veux-tu me dire où tu as pris cette idée biscornue que la marquise avait jamais songé à M. la Florade ? Quand est-ce qu’elle t’a dit cela ? Et comment se ferait-il que je ne te l’eusse pas dit dès le premier jour ?