Page:Sand - Tamaris.djvu/316

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pendant qu’on lui construisait une très-jolie maisonnette près de la Seyne et de mon fameux champ d’artichauts, mais en belle vue, sur un tertre, et au milieu d’un bouquet de pins converti en jardin. Toute trace de l’ancienne bastide Roque avait disparu. Elle pouvait être là fort heureuse, mais avec un mari, et la marquise, qui se flattait de lui en trouver un convenable quand son éducation serait un peu plus avancée, lui avait proposé de l’emmener pour un ou deux ans.

Mademoiselle Roque avait pleuré beaucoup en voyant partir son amie ; mais elle avait demandé à rester encore un peu chez Pasquali, qui la traitait comme sa fille depuis qu’il l’avait vue si bonne garde-malade, et, quand je revins pour la chercher, elle pleura davantage et demanda à rester tout à fait. Comme la marquise m’avait bien recommandé de ne rien laisser au hasard dans la destinée de cette bonne fille, je voulus savoir de Pasquali ce qu’il pensait d’elle et de sa résolution.

— Mon ami, répondit le bon Pasquali, laissez-la-moi, je l’adopte pour mon bâton de vieillesse. Vous me direz que je suis encore un peu loin de la béquille, et que le bâton n’est pas bien solide. Je le sais, Nama n’est pas bonne à grand’chose dans un ménage de garçon ; mais elle a un si bon cœur, elle est si dévouée, si douce et si belle fille, après tout, que monsieur mon filleul pourrait faire pis que de