Page:Sand - Tamaris.djvu/320

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La Florade me serra énergiquement la main, et nous nous rendîmes ensemble au quartier de Tamaris. Je l’y laissai et courus au baou rouge. Je trouvai le brigadier occupé à élaguer un pied de mauve de dix pieds de haut, qui ornait sa porte.

— Non, je n’ai pas oublié ! dit-il quand il m’eut entendu. J’ai juré ! Et, d’ailleurs, quand même la sainte dame ne m’aurait pas arraché ce serment-là, la chose m’avait fait trop de mal ! Je ne suis pas méchant, moi, et, quand j’ai cru avoir tué ce jeune homme, je n’attendais que d’avoir enterré ma femme pour me tuer aussi. Dieu a voulu qu’il en revienne, et je n’irai pas contre la volonté de Dieu !

Il me pria d’entrer chez lui. L’ordre et la propreté y régnaient toujours. Les petites filles étaient bien tenues et fort embellies. La crainte ne les paralysait plus. Elles étaient vraiment aimables. J’en fis compliment à leur père.

— Vous voyez, dit-il en soupirant. C’étaient pourtant de bons enfants bien sages ! Ah ! comme on pourrait être heureux, si on voulait se contenter de ce que Dieu vous donne !

Il embrassa ses filles. Personne ne lui reprochait plus de les gâter ; mais, tout en savourant son bonheur, il regrettait son tourment.

Quand je retournai à Tamaris, Pasquali vint à ma rencontre.

— C’est bien, me dit-il, tu es un brave garçon et