Page:Sand - Theatre complet 1.djvu/208

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SÉVÈRE.

Tu dois savoir qu’on ne m’intimide point.

JEAN.

Oh ! je vous connais, et ce que vous avez dans la tête, vous ne l’avez point sous vos semelles ; mais qu’est-ce que vous venez encore manigancer ici ?

SÉVÈRE.

Tu le sauras ; et d’abord, quand je te cherche d’un côté, pourquoi est-ce que tu te sauves de l’autre ?

JEAN.

C’est que vous me tourmentez trop ; vous songez à contenter votre rancune contre madame Blanchet et contre son meunier, beaucoup plus qu’à faire réussir mon mariage, et vous ne craignez point tant de me nuire que vous ne souhaitez vous venger d’autrui.

SÉVÈRE.

Tant pis pour toi, Jean ! c’est ta faute, il ne fallait pas prendre parti pour mes ennemis, il fallait rester du mien ; tu t’es imaginé que tu réussirais sans moi, et je te ferai voir que je peux défaire tout ce que j’ai fait.

JEAN.

Ça veut dire que vous venez conter du mal de moi à ma future ?

SÉVÈRE.

Peut-être, si tu ne vas pas comme je veux ; et, comme je gouverne à mon gré sa petite cervelle, j’y ferai entrer qui je voudrai à ta place.

JEAN.

À savoir si vous la gouvernerez toujours ! mais enfin, qu’est-ce donc que vous voulez ?

SÉVÈRE.

Je veux que tu la brouilles avec Madeleine, que tu l’engages à venir me voir souvent, chose qu’elle néglige (et je parie que cela vient de toi) ; enfin, que, le jour de votre mariage, vous fassiez un éclat et quittiez la maison, en disant bien haut que vous ne pouvez point supporter plus longtemps