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CLAUDIE

DRAME EN TROIS ACTES


Porte-Saint-Martin. — 11 janvier 1851.




À M. BOCAGE.
directeur du théâtre de l’odéon.


Mon ami, après la représentation de Claudie, comme après celle de François le Champi, j’éprouve le besoin de vous dire tout haut que c’est à vous, à vos conseils et à vos soins que je dois la satisfaction du public et la mienne propre.

Ce contentement personnel serait complet, si j’avais pu refaire ma pièce, pour ainsi dire sous votre dictée, lorsqu’à Nohant, au coin du feu, vous me l’analysiez à moi-même, en me montrant le meilleur parti que je pouvais tirer des situations et des caractères. Mais, comme j’ai fait tout mon possible pour bien écouter et bien profiter, je m’applaudis intérieurement de ma confiance et de ma docilité. Prenez donc votre part avant moi du succès littéraire de Claudie ; car j’ai un vrai, un profond plaisir à reconnaître qu’il vous appartient dans ce qu’il y a d’essentiel et d’indispensable pour une œuvre dramatique, la composition et le résumé.

Quant à la science charmante de la mise en scène, tout ce qui s’occupe de théâtre sait que vous y excellez. Quant au génie dramatique de l’acteur, les applaudissements et les larmes du public le proclament chaque soir avec plus d’éloquence que je ne saurais le faire. Moi aussi, j’ai pleuré en vous voyant et en vous écoutant : je ne savais plus de qui était la pièce, je ne voyais et n’entendais que votre douleur