Page:Sand - Theatre complet 1.djvu/345

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LE CAVALIER, tressaillant.

Du feu roi !

MOLIÈRE.

Je l’ai suivi à Narbonne, et j’ai vu Richelieu, voyageant sur son lit de mort, porter au bourreau les têtes de Cinq-Mars et de Thou. C’était cruel, mais c’était grand comme la tragédie antique. Ce que nous voyons aujourd’hui n’est plus que de la comédie.

LE CAVALIER.

Ah ! vous trouvez ?

BRÉCOURT.

Nous sommes là-dessus de l’avis de tout le monde.

DUPARC.

Ce n’est même point de la bonne comédie, car c’est ridicule sans être divertissant.

LE CAVALIER.

Et le Mazarin n’est point un Richelieu, à votre avis ?

DUPARC.

Je ne sais point quel est le vôtre ; mais je n’ai point coutume de celer le mien. Le Mazarin…

BRÉCOURT.

Le Mazarin est tout ce qu’il vous plaira : je suis pour lui à cette heure que Turenne est pour lui.

LE CAVALIER.

Ah ! vous êtes pour Turenne, vous ?

BRÉCOURT.

Pardieu ! oui, monsieur, car j’ai servi sous ses ordres, et il ne ferait point bon me venir dire qu’il n’est pas le plus grand homme de ce temps-ci.

MOLIÈRE, voyant l’agitation du cavalier.

Monsieur pense de même, car il est attaché à son service.

LE CAVALIER, bondissant.

Moi ?

MOLIÈRE.

Mais oui. Ne m’avez-vous point dit que vous étiez chargé