Page:Sand - Theatre complet 1.djvu/371

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Je ne sais pas ; mais puisque vous le croyez vous-même…

BARON.

Armande, je ne crois, je ne sais rien ; je ne croirai que ce que vous voudrez me dire. C’est à vous de m’empêcher de m’égarer.

ARMANDE, pensive.

Vous avez bien de la vertu dans l’amitié ! C’est beau pour un garçon de votre air et de votre âge ! Mais cette vertu-là serait inquiétante pour qui serait tenté de vous aimer !

BARON.

Que voulez-vous dire, Armande ? Armande ! si vous m’aimiez, vous !…

ARMANDE.

Eh bien, si je vous aimais, et si Molière avait jeté sa vue sur moi, est-ce que la douleur de Molière éconduit ne vous empêcherait pas d’apprécier votre bonheur ?

BARON.

Pourquoi tous ces si ? Dites si vous m’aimez et ne me parlez pas d’autre chose.

ARMANDE.

Ah ! voilà la question changée ! Vous demandiez d’abord si Molière m’aimait.

BARON.

Que vous me faites souffrir ! Parlez-moi de vous, de vous seule !

ARMANDE.

Non ; il me plaît de parler de Molière d’abord, de Molière que vous chérissez plus que vous-même, et vous ne voulez plus ?

BARON.

Eh bien, parlez-en donc, et dites-moi que vous l’aimez.

ARMANDE.

C’est encore autre chose. Vous n’avez pas deux idées de suite. Baron ! La question était de savoir si j’étais aimée de Molière, et si, dans ce cas, vous deviez renoncer à moi.