Page:Sand - Theatre complet 2.djvu/106

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fleur de manteaux ! je n’en suis pas là, Dieu merci ! Et, si le docteur a la bourse bien garnie, je puis dire que…

LÉANDRE, vivement.

Hein, quoi ? tu as de l’argent ?

PASCARIEL, inquiet.

Et monsieur ? monsieur en a aussi, sans doute ?

LÉANDRE.

Moi ? quand donc m’en avez-vous vu manquer, monsieur le drôle ?

PASCARIEL, tenant son manteau contre ses flancs.

Je ne dis pas ! monsieur est plus heureux que moi, qui fus toujours gueux comme un rat d’église.

LÉANDRE, lui battant le flanc avec sa canne.

Vous avez pourtant là une rotondité qui rend un son métallique fort délectable à l’oreille !

PASCARIEL, effrayé.

Cela, monsieur, est un son de cloche… Ce n’est que menue mitraille.

LÉANDRE, à part.

Le fourbe a fait un coup !… il est couard, il y a ici du monde. (Il le menace de sa canne.) Vous êtes un bandit !… vous occîtes quelque citoyen… Vous êtes chargé d’écus, vous marchez de nuit, vous vous cachez le visage, je vous arrête !…

PASCARIEL.

Vous, monsieur, vous ? (À part.) Ah ! si je ne craignais le bruit ! (Haut.) Monsieur, pourquoi donc ? de quel droit ?

LÉANDRE.

Du droit d’un gentilhomme et d’un brave, qui ne veut point souffrir d’attentats sur la terre qui le porte.

PASCARIEL, à part.

Je suis pris, il va falloir composer !… Diable d’homme, quel flair pour l’argent !

LÉANDRE.

Çà, c’est assez vos forfaits, ou j’appelle main-forte.