Page:Sand - Theatre complet 2.djvu/11

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LE MARIAGE
DE VICTORINE


COMÉDIE EN TROIS ACTES.

Gymnase-Dramatique. — 26 novembre 1851.




À propos d’une pièce de théâtre intitulée Claudie, un critique sérieux, M. Gustave Planche, me fit l’honneur, il y a quelque temps, de m’appeler le disciple de Sedaine. Je dis que ce fut un honneur pour moi, parce que ce serait une grande preuve de goût de ma part d’avoir choisi un tel maître pour modèle. Mais je n’accepte pourtant pas cette qualification, parce que qui dit disciple, dit continuateur, et, malgré ce que je viens d’oser en écrivant le Mariage de Victorine, je n’ai pas la prétention de continuer l’œuvre de Sedaine.

Dans cet article trop bienveillant pour moi, où M. Planche a dit d’excellentes choses sur le Philosophe sans le savoir, il me conseillait d’étudier le maître. Cela me fit relire la pièce, que je ne connaissais pas, car je l’avais vu jouer dans mon enfance et je n’en avais conservé qu’un vague souvenir. En même temps que je la relisais au fond du Berry, on la reprenait à Paris. J’en lisais l’appréciation dans les journaux, et naturellement ma pensée s’attachant à ce sujet simple et charmant, l’envie me vint d’écrire la suite du roman esquissé par Sedaine. Était-ce ambition ou émulation ? Ni l’un ni l’autre. Ce n’est pas dans l’âge mûr, et après vingt années de travail littéraire, qu’on se fait illusion à soi-même et qu’on se flatte d’atteindre la perfection rêvée dans la jeunesse. Mais il est