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Scène XI


VIOLETTE, PÉDROLINO, MARINETTE.


PÉDROLINO, aux genoux de Violette, lui baisant les mains.

Ah ! Violette du paradis, qui est le jardin du bon Dieu !… qu’est-ce que je te vas bien dire pour te remercier de m’aimer comme ça ?

MARINETTE.

Oui, oui, remerciez-la ! vous ne méritez point le sacrifice qu’elle vous fait.

PÉDROLINO.

Oh ! non, par exemple, que je ne le mérite point, la marraine ! mais ça ne fait rien, elle n’y aura point de regret… Tu me crois, pas vrai, Violette ?

VIOLETTE.

Oui, mon garçon, que je te crois ! Et tu n’as que faire de me remercier. Il n’aurait point dépendu de moi de penser autrement.

MARINETTE.

En attendant, tu renonces…

VIOLETTE.

Le renoncement n’est pas gros, marraine. Je n’ai jamais eu l’envie d’être dame, moi ; et vous savez bien, par l’exemple de ma parenté, que ce n’est point déjà si beau de s’élever au dessus de son monde… On devient méprisant pour les siens, et on est méprisé des autres. Non, non, le travail ne me fait point de peine, et je veux être la femme à mon pareil.

PÉDROLINO.

Est-elle bonne ! est-elle bonne ! Voyez, Marinette, elle dit tout ce qu’elle peut pour faire croire que je ne lui ai point d’obligation… Oh ! va, je t’aimerai d’une force et j’aurai pour toi une si belle attache… Tiens ! ça me rappelle mon rêve de c’te nuit.