Page:Sand - Theatre complet 2.djvu/141

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LÉANDRE, qui est entré du même côté que Pascariel.

Ô étoiles ! par quel astre est ma vue éblouie ? est-ce un nouveau soleil, ou le regard empyréen de la triomphante Isabelle ?

ISABELLE.

Quoi ! c’est mon vieux ami Léandre ? le beau Léandre, comme on l’appelait, du temps que je vins au monde ! Allons, je vois que tu es encore galant. Tes compliments ont un peu jauni comme tes dentelles ; mais j’aime mieux te retrouver ainsi, que pédant et maussade. Or çà, d’où sors-tu, et que viens-tu faire en cette résidence ? Serais-tu un des mille prétendus parents qui vont sans doute venir demander part à l’héritage du Sbrufadelli ?

LÉANDRE.

Les Sbrufadelli étaient de noblesse un peu verte, et la mienne s’est moisie dans la nuit des temps ; mais, sans leur appartenir par le sang, il se pourrait que, par une alliance…

ISABELLE.

Alors, tu es un des mille aspirants qui vont assiéger le cœur de l’héritière, fût-elle borgne, bancroche ou tortue ?

LÉANDRE.

Écoute, ma divine Isabelle, j’ai quelque espoir de réussir, n’étant point de ceux que la rigueur des belles fait longtemps morfondre dans le vestibule de l’incertitude ; mais l’assistance d’une femme adroite n’est jamais à dédaigner et j’implore la tienne.

ISABELLE.

Que faut-il faire ?

LÉANDRE.

Me fournir dans une prétendue parenté avec toi, un prétexte pour me trouver céans.

ISABELLE.

C’est facile, cousin Léandre !… Ensuite ?

LÉANDRE.

Écarter un certain rival…